Actualités du CDI

Sur les traces de la Retirada à Septfonds

Publié le jeudi 14 avril 2022 11:41 - Mis à jour le vendredi 22 avril 2022 15:41
0.png

Dans le cadre de leur cours d’Espagnol, sur le thème du devoir de mémoire, lundi 28 et mardi 29 mars des élèves de première et terminale de Mmes Dougados, Gil et Martinez se sont rendus dans le village de Septfonds sur les traces des réfugiés républicains espagnols.

La visite des lieux par les élèves

Les élèves de Mme Gil ont rédigé des articles sur cette visite. Voici une partie de ceux de Samy El Haloui (602) et Marius Guilet (604) et de Maëlys Gasc, Clara Gaillard et Estelle Fontana (604)

 " Les élèves ont d’abord visité le camp de Judes avec deux guides de la Mounière. Il a été créé en 1939 pour recevoir les réfugiés espagnols. Il faisait 5 000 hectares et comportait 45 baraquements de 48 mètres de longueur.

                

Au premier hiver de 1939, les baraquements étaient ouverts sur un côté pour surveiller les détenus. Pour savoir combien de personnes pouvaient contenir les baraques, les autorités du camp ont fait allonger des tirailleurs sénégalais et ont compté. Mais la mesure n’était pas bonne car la corpulence des sénégalais et des espagnols n’était pas la même. Les espagnols se retrouvèrent trop nombreux dans ces baraques. Les détenus étaient surveillés par des miradors et par des soldats qui patrouillaient entre deux murs de barbelés. Le camp a aussi accueilli des juifs lors de la seconde guerre mondiale, il fut détruit à la fin de la guerre.

Les élèves ont pu voir une reconstitution d’une baraque et mieux comprendre les conditions de vie des réfugiés. C’est le cas de Kellian : « J’ai été choqué de savoir que des personnes juives détenues à Septfonds ont été déportées à Auschwitz ».

 

              

Après la visite du camp, les élèves se sont rendus au cimetière espagnol de Septfonds, situé à deux kilomètres du village de Septfonds. Ce cimetière est en réalité une fosse commune où sont enterrées 81 personnes mortes à l'infirmerie du camp. Pour accéder aux tombes, il faut traverser une allée de 81 arbres représentant les 81 morts. Devant les tombes, il y a un pilier avec inscrit dessus « No soy la muerte, soy la nueva jovenes ». Le cimetière a été réhabilité dans les années 70 par Cesáreo Bustos Delgado qui fut lui même interné dans le camp. Une élève raconte : « J’étais émue, j'étais triste"

 

        

 

Pour finir, les élèves sont allés à la Mounière, la Maison des mémoires de Septfonds ouverte en 2017. Cette maison se trouve rue des déportés. Elle appartenait à Raymond Peyrières, communiste déporté lui aussi pour ses idées. Dans ce musée, les élèves ont pu découvrir l'histoire des déportés espagnols mais aussi découvrir celle de la renommée mondiale du chapeau septfontois et celle de Dieudonnée Costes. Ce dernier, septfontois de naissance et aviateur, a réussi un exploit pour l'époque avec un de ses amis : traverser l'océan Atlantique en 37 heures et 18 minutes !

Une des élèves témoignent de son ressenti après ses visites "Moi, j'ai préféré la visite du camp car le musée représente moins bien l'histoire des réfugiés mais en soit c'était très instructif. J'ai aimé la symbolique des arbres dans le cimetière. On se rend compte de ce que les gens ont vécu et qu'on a de la chance par rapport à eux."

Après cette journée riche en découvertes et en émotions, les élèves en ont conclu que l'histoire de ces personnes ne devait pas être oubliée."

*****

Vous pouvez retrouver l’intégralité des articles en français et en espagnol sur ce padlet et en version papier au CDI qui consacre les deux prochaines semaines à une exposition sur la visite des lieux de mémoire de Septfonds. Sont également exposés des carnets retraçant la vie de personnes liées à l'histoire de Septfonds, conçus par les élèves de Mme Dougados.

*****

Un peu d'histoire

Le 26 janvier 1939, les nationalistes en prenant la ville de Barcelone mettent un terme aux espoirs de victoire des républicains, commence alors un exode massif des Espagnols fuyant la répression franquiste. Près d’un demi million de personnes franchissent la frontière des Pyrénées, dans de terribles conditions. C’est la Retirada.

Les premiers réfugiés arrivent à Septfonds en mars 1939. Considérés comme des étrangers indésirables, le gouvernement français décide de les enfermer dans des camps. Les autorités civiles et militaires choisissent un vaste terrain agricole situé à Lalande et à Judes. Le Camp de Judes accueille jusqu’à 16000 personnes dans des conditions précaires, certains n’y survivent pas.

En septembre 1939, suite à la déclaration de guerre, le gouvernement français décide de vider le camp. Les réfugiés espagnols sont soit engagés dans la légion étrangère où certains souhaitent poursuivre le combat contre le fascisme, soit envoyés dans des Compagnies de Travailleurs Étrangers, contraints au travail obligatoire au service des armées, dans l’agriculture ou dans l’industrie de l’armement. Certains font le choix de retourner en Espagne.

Le camp de Judes est ensuite un camp d’entraînement pour les aviateurs polonais avant de servir de camp d’internement pour les personnes juives arrêtées dans la région. 300 d’entre elles sont déportées vers les camps de la mort et n’en reviennent pas.

En 1945 les autorités démantèlent le camp et brûlent les archives.

Le village de Septfonds garde aujourd’hui de nombreuses traces de ce passé. La Mounière, Maison des Mémoires de Septfonds, participe à la connaissance de cette histoire. Les terres sur lesquelles était installé le camp de Judes sont aujourd’hui revenues à l’agriculture. Un mémorial a été dressé à côté de l’ancien camp près de l’église de Lalande ainsi qu’une baraque identique à celles installées sur le camp.

 

Souvenirs de la sortie en images

et

Travaux des élèves exposés au CDI